27.Ue femme et de ses deux enfants
Je vais vous raconter l’histoire d'une femme et de ses deux enfants. Les enfants s'appelaient Poko et Raogo. En fait, c'était des jumeaux. Raogo c'était le garçon et Poko, c'était la fille.
Au fil des ans, la femme finit par préférer sa fille Poko, au détriment du garçon. Tout ce que Raogo faisait, même s'il faisait quelque chose de bien, sa mère le balayait du revers de la main, parce que pour elle, seule Poko pouvait faire quelque chose de joli.
Malgré cela, chaque jour que Dieu donnait, Raogo s'affirmait davantage au niveau du village. Il était aimé par tout le monde pour son travail, pour sa joie d'aider quelqu'un. Vraiment, tout le monde l'aimait.
Un jour, il partit faucher l'herbe pour les siens. Pendant qu'il rentrait chez lui, un vieillard lui demanda de lui donner un peu d’herbe pour allumer son feu. Sans hésitation, Raogo lui en donna. Le vieillard, ne sachant pas comment lui rendre son geste généreux, prit une poule et la lui donna.
Raogo le remercia et emporta la poule a la maison. A un certain moment, la poule pondit des œufs et naquirent de beaux poussins. La poule devenait ainsi une richesse pour Raogo.
Sa maman n'aimait pas du tout cette richesse parce qu'elle voulait nuire à Raogo. C'est ainsi qu'elle demanda à Raogo de tuer la poule et d'aller la vendre au marché.
C'est ce qu'il fit, parce qu'il ne refusait jamais de taire ce qu'on lui demandait de faire, surtout si c'était sa maman qui le lui demandait. Si sa maman lui disait : « Plonge dans ce trou-là pour m'attraper quelque chose », il le faisait, même s'il savait qu'il risquait quelque chose.
Raogo tua alors sa poule et alla la vendre au marché.
Un homme survint et lui demanda de goûter un peu de cette poule. Il goûta et trouva que c'était bon. Elle était bien grillée. Alors, il demanda à Raogo sa poule grillée. Il lui dit qu'il n'avait pas d'argent sur lui ce jour-là, mais qu'il le paierait sûrement le lendemain. Raogo, qui ne refusait jamais quelque chose à quelqu'un, lui donna sa poule grillée et répartit chez lui. Sa maman le gronda terriblement parce que pour elle, il était inadmissible qu'on aille vendre un poulet (et un seul poulet, encore !) et qu'on le donne a crédit : « ce n'est pas possible ! Comment tu as pu faire ça »?
Il expliqua tout, mais sa mère refusa de comprendre.
Le lendemain, l'homme qui avait pris le poulet revint lui donner un beau cheval parce qu'il avait été dépassé par la générosité de Raogo. Et Raogo prit ce cheval.
Sa maman décida donc de nuire à la vie de ce cheval et de compliquer ainsi la vie de Raogo. Elle ordonna alors de tracer un cercle sans portes, parce qu'ils allaient construire une case ronde , sans portes, pour y renfermer le cheval. Ainsi, pour le cheval, on n’aurait pas besoin d'autres hangars ou de paille. C'est ce que fit Raogo. Il bâtit une case ronde, avec le cheval à l'intérieur, sans portes et sans crèche. Mais, avec l'aide de Dieu qui l'avait nourri et engraissé, le cheval au bout de neuf jours, avait tellement grossi qu'il était parvenu à casser les murs de la case. C'est ainsi qu'on constata un matin que le cheval était dehors et qu'un pan du mur était cassé.
La maman dit : « Il faut prendre le cheval et aller à Gambaga, là où il y a le chef et lui offrir le cheval».
Raogo ne refusait jamais de faire ce qu'on lui demandait, surtout à sa mère. Il se leva, il prit son cheval et prit la route pour Gambaga.
Sa mère, qui avait décidé de l'accompagner pendant un bout de chemin, vit sur la route des gens qui passaient avec des fagots de paille pour faire des toits. La maman dit : « Ce n'est pas la peine d'amener le cheval là-bas. Il vaut mieux échanger le cheval contre une botte de paille et porter cette botte a Gambaga »" En effet, si Raogo avait emmené le cheval, il aurait pu le monter ; mais avec une botte de paille, il aurait dû lui-même la porter.
Toujours obéissant, Raogo, fit comme sa maman lui demandait. Il échangea son cheval contre une botte de paille qu'il amena à Gambaga.
A Gambaga, il alla rendre visite au chef. Le chef était aveugle, sa première femme était aveugle, et ils n'avaient pas d'enfants. Raogo demanda à voir le chef, le chef le fit entrer et lui demanda de prendre un peu de sa paille pour lui, pour allumer le feu. C'est ce que fit Raogo. Une fois le feu allumé, le chef retrouva la vue. Fou de bonheur, il demanda à Raogo de donner un peu de paille aussi à sa première femme qui était aveugle et même la femme retrouva la vue.
Alors le chef adopta Raogo comme son fils et Raogo vécut des jours heureux là-bas. Mais un jour, Raogo décida qu'il voulait repartir chez sa maman. Pour le retour, le chef lui a donné tout ce qu'on pouvait désirer : des hommes et des femmes pour l'accompagner et beaucoup de bétail.
C'était le juste prix pour Raogo qui n'avait jamais rien fait de mal a personne. Et même lorsqu'on lui faisait du mal, il ne rendait jamais le mal par le mal. Il avait toujours fait du bien. Quand il fut revenu chez lui avec les serviteurs qui l’avaient accompagné. Il y avait des femmes, il y avait des hommes et beaucoup de bétail. Raogo était désormais un homme riche.
Sans tenir compte des injustices qu'il avait dû essuyer, il voulait continuer à s'occuper de sa maman, malgré les conseils des gens qui lui disaient de la laisser à son propre destin. Il n'écouta pas ces conseils. Et ce fut ainsi qu'il voulut que sa mère n'ait plus à faire la cuisine, qu'elle n'ait plus à faire le ménage et il dit aux femmes qui l'avaient accompagné de remplacer sa mère dans ces lourds travaux. Ce fut vite fait : tout ce que Raogo voulait, se faisait sans aucune hésitation. Mais avec tout ça, la femme n'était point du tout contente. Un jour qu'elle était sortie, pas loin de la maison, elle vit un serpent qui était rentré dans son trou.
Vite, vite elle fit appeler son fils Raogo ; qu'il se précipite mais sans rien prendre, qu'il vienne les mains nues. Raogo arriva tout de suite. Elle lui dit de plonger la main dans le trou : elle avait vu qu'il y avait quelque chose dedans et elle voulait cela.
Raogo plongea la main droit dans le trou et quelle ne fut pas la surprise de la femme quand son fils retira la main : son bras était couvert de perles et de pierres précieuses jusqu'aux épaules. Il plongea la main gauche. Ce fut la même chose : encore des pierres précieuses jusqu'à l'épaule. « Ça, c'est vraiment de la richesse »!, se dit la femme.
Elle appela alors sa fille - qu'elle aimait beaucoup - et lui dit de plonger la main dans le trou à son tour. Mais quand elle arriva, elle n'avait même pas plongé la main dans le trou que le serpent l'avait déjà piquée. Malheureusement elle mourut de cette morsure.
En réalité, la fille aimait son frère. Chaque fois, elle disait à sa maman de ne pas faire des choses insensées à Raogo. Elle défendait son frère, mais elle ne put jamais gagner la cause de Raogo auprès de sa maman. Ce fut ainsi que, à cause de la méchanceté de la femme, la fille mourut. Apres le décès de sa fille, sa maman se repentit et revint à la raison. Elle comprit qu'il faut aimer tous ses enfants de la même manière.