Autrefois, le lièvre et la perdrix étaient des amis. Au cours d'une de leurs randonnées, ils réussirent à attraper un bœuf ; ils décidèrent de l'abattre et puis de le partager. « D'accord., s'exclamèrent-ils, on va s'y prendre comme ça. On va le lier et demain matin on va le tuer ».

Ils attachèrent alors le bœuf, la perdrix monta la garde et le lièvre partit chez lui. Il dit alors à sa famille : « Demain, la perdrix et moi, nous allons tuer un bœuf ; et j'aimerais que vous veniez de passage là-bas pour pouvoir embarquer les bonnes parties, et ne rien laisser à la perdrix ».

Le lendemain arrivé, le lièvre et la perdrix tuèrent le bœuf et commencèrent à l'abattre, juste à côté de la route. Quand ils eurent enlevé la peau et divisé la viande en' morceaux, voilà quelqu'un de la famille du lièvre qui arrive. « Ah, perdrix, ça c'est ma femme qui passe. Est-ce qu'on ne va pas lui donner quelque chose»?

La perdrix dit : « Bon, d'accord, ce que tu décides est bon ».

Le lièvre prit une cuisse et la donna à sa femme pour qu'elle ait une partie elle aussi. Au bout de deux minutes, voilà un autre lièvre qui arrive.

« Ah, c'est le papa de ma femme qui vient là. Qu'est-ce qu'on va faire » ?

la perdrix dit : « Fais comme bon te semble »!

On prit alors les deux pattes de devant et on les remit au nouveau lièvre, qui, a son tour, s'en alla tout content. Un bout de temps après, voilà la belle-mère du lièvre qui arrive.

« Voilà ma belle-mère qui vient. Qu'est-ce qu'on va faire »?

La perdrix lui dit : « Ah, ce que tu désires. On va lui donner quelque chose».

Ils distribuèrent ainsi tout le bœuf et il ne restait que la tête et les intestins. Et ce n'était pas encore fini. D'un seul coup, voilà le papa même du lièvre qui vient.

« Ah, voilà mon vieux qui vient ! Qu'est-ce qu'on va faire la ? On n'a que la tête et les intestins ».

Après ce dernier passage, tout le bœuf avait été donné. Il ne restait que le foi pour eux deux. Ils décidèrent enfin de la partager. Non satisfait, le lièvre dit : « Toi, tu es plus petite que moi. Tu auras un morceau plus petit » !

La perdrix ne dit rien, enfonça son bec dans son morceau et s'envola en l'air. Mais voilà qu'elle se laissa tomber sur le dos, devant le lièvre, en criant que le bœuf était empoisonné. Et elle tomba raide morte.

Le lièvre courut à la maison : « Revenez, revenez tous avec votre viande ! C'est de la viande empoisonnée ! La perdrix est morte ».

Quand tous les lièvres eurent rapporté leur viande et qu'ils furent partis, la perdrix, qui jusque-là était restée étalée sur le sol, se leva, appela sa famille et ils rentrèrent chez eux avec le bœuf en entier.

Cette fois-ci, la perdrix a été plus rusée que le lièvre.