11 LE TEST DE PATERNITÉ.
En comparant notre monde moderne avec celui de nos grands-parents, on pense très souvent que nous connaissons mieux les choses que nos prédécesseurs.
Surtout, avec notre science, nous pensons que le monde nous appartient, car nous sommes sûrs de le posséder, de le maîtriser.
Ce n’est pas pour rien que le philosophe, Jean Rostand disait :
« La science a fait de nous des dieux avant que nous ne méritions d’être hommes ».
En clair, nos parents étaient aussi très intelligents et pour preuve, suivons ce conte.
Un père avait neuf enfants qu’il aimait bien, car la prospérité, l’estime et en bref le bonheur d’un homme se mesurait au nombre de ses enfants.
Ce père qui n’avait vécu qu'avec sa seule et unique femme à qui il devait cette fierté que lui offraient ses fils, se rappela qu’il y avait parmi ses enfants un qui n’était pas le sien.
Comment étai-il arrivé qu’il ait une infidélité dans ce couple monogame ?
Là n’était pas la question que se posait avec acuité le père.
La question embarrassante était qui des neuf enfants était le bâtard ?
Cette question a longtemps traumatisé cet homme qui sentait le poids de la vieillesse dans ses os et qui ne doutait plus de son départ imminent vers les ancêtres.
Il y avait donc une nécessité impérieuse de résoudre cette question de paternité pour la pureté dans la famille, car les ancêtres détesteraient l’impureté.
En clair, si notre homme n’identifiait pas l'enfant qui n’était pas de lui et s'il mourrait et que lors des rites funéraires le bâtard lui offrait une offrande, cela pourrait amener les ancêtres à rejeter, lui, le nouveau venu (défunt) de leur communauté.
Le problème était donc délicat et il fallait le résoudre avant d’engager le dernier voyage.
Si c’était de nos jours, il n'y aurait pas de quoi se faire des soucis puisqu’il y a les tests d'ADN.
Mais comme c'était dans l’ancien temps, il y avait de quoi s’inquiéter.
Mais il y a rarement de problème sans solution.
Il suffit de bien y penser et la bonne solution apparaît comme un don du bon Dieu.
C’est ainsi qu’un jour, l'homme alla en brousse très tôt le matin et y ramena des branches vertes.
Celles-ci devraient faire office de fouets.
Il attendit que ses neuf (9) enfants se réveillassent.
Il les appela et leur tint ces propos :
« Mes enfants, je veux savoir si vous m’aimez réellement !»
Tous les enfants s’étonnèrent de la question mais rassurèrent leur père qu’il n'avait pas à se faire des soucis pour cela, car la preuve de leur amour pour lui c’est qu’ils s’occupaient bien de lui et aucun d’eux ne lui manquait du respect.
Le père reprend :
« Si je vous pose la question, c’est pour vous décrire une situation délicate.
Je suis allé voir un devin et il m’a annoncé une triste nouvelle.
Moi, votre père, je vais mourir dans une semaine si vous refusez de me frapper avec les fouets que vous voyez là.
C’est à vous de choisir.
Si vous voulez que je meure, vous refuserez de me battre avec ces fouets, mais si vous voulez que je vive encore un peu avec vous, alors chacun prendra un fouet et, à mon signal, tour à tour l’exécutera ».
Les enfants voyant l'enjeu, haussèrent la tête et promirent de faire l’aventure avec le père.
Ainsi les a-t-il faits reculer à une vingtaine de mètres.
Par ordre de naissance, il demanda au premier fils de prendre son élan comme s’il devrait abattre un ennemi et le frapper fort avec le fouet qu’il tenait entre les mains.
L’enfant accepta mais quand il fut à quelques mètres de son père, il laissa tomber le fouet et lui dit :
« Papa, vraiment c’est dur pour moi de te frapper ».
Le père répliqua :
« Donc tu veux ma mort ?
 »
« Non papa, je ne veux pas que tu meures mais je ne pourrai te frapper en aucun moment, car c’est plus fort que moi ».
Le père qui feignait d’ignorer la puissance de l’amour paternel s'est finalement tu et ordonna au suivant de passer à l’action.
Celui-ci aussi prit l’allure qu’il faut mais à quelques mètres encore de son père il fut bloqué par le même sentiment que le premier et renonça au projet du père.
Le père tempêta :
« Décidément aucun de mes enfants ne souhaite que je vive puisque personne ne veut exécuter ce que le devin me dit de vous faire faire pour conjurer le sort qui s’abattra sur moi ».
Cette intervention pitoyable du père n’a pas incité les autres enfants à frapper leur père.
L’élan de chacun s’est toujours terminé par un échec et cela jusqu’au neuvième enfant.
Quand celui-ci recula et prit l’allure qu'il fallait, il s’engagea avec une vitesse qui lui permit de terminer sa course sur le vieillard en l’assenant de vrais coups de fouet.
N'eut été l’intervention des autres enfants, il était prêt à l’achever.
Quand le vieillard fut revenu à la vie, il eut la preuve tangible de ce qu’il cherchait à savoir, qui des neuf enfants n’était pas de son sang.
Il demanda immédiatement des comptes à sa femme qui fut obligée de lui dire la vérité.
Et l’enfant fut congédié de sa concession.
Avec le modernisme, il n’est pas rare de constater que les enfants font physiquement mal à leurs parents pour une raison ou pour une autre. Mais on doit savoir que cela n’est qu'une dépravation des mœurs, car un bon enfant, c'est-à-dire, celui qui est bien éduqué ne peut et ne doit en aucun cas porter la main sur ses géniteurs.