6 LE VIEIL HOMME.
Un vieil homme honnête et courageux vivait dans un village.
Sa seule activité était les travaux champêtres.
Il était fatigué par le poids de l’âge.
À sa jeunesse il était un colporteur intrépide qui bravait les vicissitudes des forêts denses pour parcourir des milliers de kilomètres vers les pays étrangers.
Maintenant, le vieux Relba passait la moitié de son temps dans son champ qui justement prenait ses limites avec celui de Mibamba.
Cette voisine était une veuve et mère de deux grands garçons.
Conscient de la nécessité d’être en bons termes avec le voisinage, moralité et sagesse exigent, Relba a toujours fait de son mieux pour préserver les bonnes relations avec sa voisine.
Celle-ci aussi semblait partager les mêmes vertus que Relba.
Elle lui apportait de temps en temps une calebasse de « Zom-Kom » (boisson faite à base de petit mil).
Le vieil homme était resté solitaire pendant une longue partie de sa vie.
La nature lui ayant refusé sa générosité, il n’avait jamais eu la chance de jouir des fleurs de la paternité.
Alors sa femme avait résolu de le quitter.
Mais cet état des choses n’avait pas affecté son comportement dans sa relation avec les autres.
Relba et Mibamba, deux personnes pétries d’expériences de la vie, vivaient en bons termes.
Mais comme disait Einstein :
« Sur l’homme, je ne dirai rien :
il est inconstant », un jour, une idée diabolique traversa l’esprit de Mibamba.
Elle décida alors de mettre un terme à la vie de son vieux voisin Relba.
C’est ainsi qu’au lendemain de sa décision, avant d’apporter la calebasse destinée à consolider les forces de Relba, elle prit soin d’y plonger un poison.
Elle alla ensuite déposer la boisson au pied de l’arbre comme à l’accoutumée et invita le vieux de venir se donner des forces.
Celui-ci, la remerciant infiniment, laissait entendre qu’il s’en occupera.
Après le retour de Mibamba dans son champ et avant que le vieux Relba n’arrête le travail pour reprendre ses forces, deux garçons qui revenaient de la pêche le saluèrent poliment et lui demandèrent de quoi étancher leur soif.
Plein de générosité et sans même chercher à savoir d’où ils venaient, il leur indiqua la calebasse qui trônait avec son contenu mortel.
Ceux-ci, qui n’en demandaient pas mieux, se ruèrent sur la calebasse et la vidèrent de tout son contenu.
À peine qu’ils déposèrent la calebasse vide, ils commencèrent à se tordre de maux de ventre.
Relba accourut et constata que les deux garçons moribonds étaient les enfants de la voisine.
Au même moment, Mibamba, avertie par les cris, se rendit sur les lieux et comprit tout de suite qu’elle venait elle-même de se planter un couteau au cœur.
Elle venait de commettre sur ses propres enfants un crime irréparable.
Les garçons ont ainsi succombé sous les yeux de leur propre mère sorcière.
Alors, savez-vous maintenant la meilleure façon de faire de votre vie le comble des malheurs :
c’est fouler aux pieds les vertus cardinales tels l'honnêteté, la gentillesse, la probité et l’amour du prochain.
Évitons la jalousie et la méchanceté, car elles vous paient toujours en monnaie de singe.