2 L’HYÈNE ET LE LIÈVRE.
L’hyène et le lièvre sont deux amis inséparables mais chacune de leurs aventures est parsemée de ruses et de pièges.
En ces périodes-là, les pluies étaient abondantes et les terres fertiles.
Il n'y avait pas cette calamité naturelle appelée désertification.
Un tout petit effort dans les travaux champêtres suffisait pour récolter assez pour s'alimenter.
Pour se mettre à l'abri de la famine, lièvre alla voir son amie hyène et lui proposa ceci :
« Chère parente et amie, on dit généralement que seul le travail libère l’homme et le préserve du vice.
Viens avec moi, nous allons unir nos forces dans un champ commun et je suis sûr que nous réussirons mieux que les autres ».
L’hyène ne trouva pas d’inconvénients mais connaissant les ruses de son ami lièvre, pensait déjà à la distribution de la récolte.
C’était vraiment vendre la peau de l'ours avant de l’avoir tué ou autrement, manger son blé en herbe.
Mais qui connaît vraiment comment se terminent toujours les projets communs de ces deux amis.
Cette réserve était bien vue de la part de l'hyène.
Cette fois-ci, le lièvre clama et jura sa bonne volonté à l'hyène et pour la lui témoigner, il donna le loisir à son amie Hyène de choisir entre les fruits d'en haut et ceux d’en bas.
L’hyène réclama ceux d’en haut et demanda au lièvre de proposer l’espèce à semer pour cette saison.
Celui-ci eut l’aubaine de tromper l’hyène et c’est ainsi qu’il décida qu’ils cultiveront le manioc.
Cela fut fait et quand le moment des récoltes fut venu, et comme convenu, lièvre alla déterrer tous les tubercules et laissa l’hyène qui ne se contenta pas que des inutiles feuilles.
Constatant sa défaite, l’hyène s’en pressa de réclamer pour les prochaines récoltes les produits d’en bas afin de pouvoir bénéficier des fruits de leur dur labeur.
Seulement son manque d’imagination féconde et d’initiative fait d’elle une proie facile des ruses de son ami lièvre.
Ce dernier fut encore supplié par l'hyène de proposer ce qu’ils vont cultiver.
Lièvre proposa le mil.
La saison fut très bonne et l’heure des récoltes sonna.
Lièvre alla couper les émis de mil (produits d'en haut) et l’hyène déterra les racines.
Pour une deuxième fois, l’hyène venait de perdre la partie.
Elle perdit ainsi totalement confiance à son ami.
Comme l’a dit un vieillard :
« Il n’y a pas deux confiances, quand la première est trahie, la seconde devient de la méfiance ».
Ils rompirent le contrat mais restèrent grands amis.
Un jour, le lièvre a perdu son beau-père et demanda à l’hyène de l’accompagner à l'enterrement.
Ils prirent ensemble le chemin du village.
Chemin faisant, l’hyène vit un être vivant de couleur bizarre et étrange qui déambulait sur la voie.
Elle demanda au lièvre ce que c’était.
Celui-ci répondit que c’est un être très méchant qui pique les gens avec un venin mortel ou dans le meilleur des cas te fait pleurer de toutes les larmes du corps.
Il conclut en invitant son amie à ne pas chercher des problèmes avec cet être bizarre.
Ils continuèrent leur chemin mais à quelques kilomètres, l’hyène réfléchit :
« Mon ami ne me dit jamais la vérité, peut-être que l'être bizarre qu’on a vu est une bonne proie et mon ami veut me tromper encore ».
Aussitôt pensé, elle rebroussa chemin tout en donnant l’ordre à son ami de l’attendre sous l’ombre.
L’hyène retrouva son être bizarre qui était en réalité un scorpion noir.
La gourmande posa ses narines pour sentir l’être et c’est avec un grand plaisir que le scorpion envoya tout son venin dans sa cervelle.
Celle-ci a failli perdre connaissance mais vite elle retint sa douleur et rejoignit son compagnon.
Pour le reste du chemin, le lièvre remarqua que l’hyène était devenue moins loquace :
c'était la douleur qu'elle essayait de retenir.
À un certain moment, ne pouvant plus supporter, l’hyène commença à pleurer et quand son ami lui demanda pourquoi elle pleurait ; elle répondit comme pour donner raison à son attitude :
« Selon les coutumes de mon ethnie, on ne doit pas aller aux funérailles sans pleurer.
Et puis ton beau-père a été un homme bien et quand je pense un peu à lui et me rends compte que nous allons à ses funérailles, je ne peux que pleurer ».
Mais très vite, le lièvre se rendit compte de la vérité.
Car même dans la maison mortuaire, l’hyène ne put s’empêcher de crier.
Les beaux-parents du lièvre furent étonnés de cet étranger pleurnichard au point de menacer leur beau fils d’expulser son compagnon s'il n'arrivait pas à le faire taire.
Excédée par la douleur, elle prit la clef des champs et continua ses pleurs, seule dans la forêt.
Il n'y a vraiment pas deux confiances et un abus de confiance nuit toujours aux relations sociales.