3 LE ROI ET SA FILLE.
Un roi avait hérité de ses prédécesseurs d’un très vaste et étendu royaume où la considération et le respect pour le chef étaient toujours de rigueur.
Seulement, les rois se succèdent mais ne se ressemblent pas.
Ce dernier était autoritaire, dictateur, très cruel et sanguinaire.
Pour lui, la modestie, l'humilité et la gentillesse devraient être bannies des comportements d’un « vrai » chef.
Comme si ce cortège de malheurs ne suffisait pas à son peuple, le roi avait une fille aussi mauvaise et intolérante que son père.
Son seul désir était de voir les gens souffrir jusqu’à perdre progressivement leur vie.
Aucune semaine ne passait sans qu’une personne (étrangère ou autochtone) ne soit victime des caprices de cette princesse.
Avec l’autorisation de son père et sous les manœuvres de ses serviteurs, les personnes qui avaient de vieilles plaies étaient conduites au palais.
Forcées à s’asseoir devant la princesse, celle-ci remuait leurs plaies et les aspergeait ensuite de poudre et d'une potion de mélange de tabac et de piment.
Elle prenait un réel plaisir de voir les malades gémir et mourir d’atrocités.
Il y avait aussi des jours où elle faisait venir des gens au palais, les faisait creuser leurs propres tombes, les égorgeait ensuite sans autre raison que celle servant son plaisir de voir mourir ses semblables.
Pire encore, non loin du palais se trouvait un grand trou profond de centaines de mètres.
Pour réveiller son appétit la princesse n’hésitait pas à ordonner aux passants de courir à une vive allure et se jeter dans le trou.
Un jour, un homme avait été arrêté et conduit à côté du trou qui avalait les victimes de la princesse.
Après avoir compris ce qu’on voulait de lui ; l’homme rassura la princesse en ces termes :
« Permettez-moi princesse de vous informer que je suis un grand acrobate et je vous invite à bien vouloir vous positionner à côté du trou pour voir tous mes gestes ».
La princesse, encore plus que contente de pouvoir assister à un spectacle inédit, se rapprocha très près du trou.
L’homme prit alors un grand élan et commença sa course folle.
Arrivé au niveau du trou, il emporta la princesse.
Ils firent ainsi ensemble la croisière du non-retour.
C’était sous le regard pitoyable du roi que la princesse avait payé le prix de sa cruauté.
Cet homme courageux fut proclamé héros pour service rendu à sa communauté puisqu’il il venait de balayer la peste qui dévorait les habitants.
Comme quoi, il n’y a pas de « soleil sans coucher ».
Évitons donc d’avoir pour nos enfants un amour pusillanime qui les gâte et qui les détruit.