3 Le singe et l’hyène
 
Les habitants du village décidèrent que le moment était venu pour tendre un piège à l'hyène et la tuer. Ils partirent alors en brousse et creusèrent un trou profond pour que l'hyène y tombe dedans.
L’hyène, qui n'en savait rien, une nuit qu'elle se promenait dans la brousse, tomba dans le trou. Un singe qui passait par la vit le trou et s'approcha pour voir de quoi il s'agissait. Il vit l'hyène et lui demanda : « Qu'est-ce qui t'a amené dans ce trou-là » ?
L'hyène lui répondit que; pendant la nuit, lorsqu'elle se promenait en brousse, elle était tombée dans ce piège et qu'elle n'était plus à même de sortir. Le singe dit alors : « Si je vais te faire sortir de ce trou-là, tu vas ensuite me laisser partir sans me faire du mal»?
Et l'hyène dit : « Bien sûr! Quand tu m'auras fait sortir de ce trou, je te promets que je ne ferai rien de mal »!
Le singe la saisit alors par la queue et la fit sortir du trou. Lorsqu'elle tut de nouveau libre, l'hyène attrapa le singe par la queue.
« Il faut laisser ma queue »!
« Non, parce que ça fait une semaine que je suis dans le trou-là, et mes yeux ne voient pas clair».
Naturellement, il s'agissait d'une excuse : l'hyène voulait manger le singe et avait inventé l'histoire de ses yeux qui, après une semaine dans le trou, ne voyaient plus clair. « Attends un peu. Quand il fera jour, je laisserai ta queue. Et ainsi tu pourras partir». Pendant qu'ils étaient en train de discuter, le lièvre arriva. En les voyant ainsi tâchés, il demanda : « Qu'est-ce qu'il y a »? Pourquoi vous êtes là en train de discuter de la sorte »?
Le singe expliqua alors que, pendant qu'il se promenait, il était arrivé à cet endroit et avait trouvé l'hyène dans un trou. Il lui avait alors demandé : « Si je vais te taire sortir de ce trou-là, tu vas ensuite me laisser partir sans me faire du mal ? Elle m'a répondu que oui, mais quand je l'ai tait sortir elle ne m'a plus laisse la queue».
Le lièvre décida alors de faire le bagnaaba, le chef des charlatans et d'établir sans aucun doute comment résoudre le problème : Si c'est ainsi, venez avec moi sous cet arbre et vous verrez que je saurai décider qui, entre vous deux, a raison et qui a tort».
Ils allèrent tous les trois sous l'arbre et le lièvre prit une attitude de profonde méditation. Puis il dit: « J'ai fait mes consultations : il faut faire un sacrifice. Moi, le bagnaaba, en bon musulman, je devrai vous lire un peu de textes sacrés pendant que chacun de vous mettra son visage dans les mains. De cette manière seulement, l'hyène pourra faire son repas impunément et continuera vivre en bonne santé».
Voilà ce que dit le lièvre bagnaaba ; et il ajouta : « Maintenant je vais lire un peu pour vous, pendant que vous garderez les mains sur les yeux. Le singe, comme châtiment pour ne pas avoir réfléchi, devra ensuite grimper à l'arbre. Moi, grand bagnaaba, je devrai courir dans la brousse et l'hyène pourra au contraire prendre son repas en toute tranquillité ».
L'hyène et le singe allaient suivre les ordres du lièvre et mirent les mains sur leur visage. Mais si tu mets les mains sur le visage, tu ne peux pas tenir quelqu'un par la queue. L'hyène laissa ainsi la queue du singe, sure de pouvoir prendre son repas en toute tranquillité. Mais le grand bagnaaba n'avait pas encore fini de parler que le singe avait vite grimpé à l'arbre, le lièvre avait disparu dans les herbes de la brousse et l'hyène était restée toute seule.
Depuis cette époque, le singe s'appela toujours « patagsde » qui, en mooré, signifie « celui qui ne réfléchit pas. »