
6 La récompense de l’éléphant
Il fut un temps où l’éléphant avait beaucoup de bœufs. Son troupeau était si considérable qu'il devenait de moins en moins capable de s'en occuper lui-même. Alors l'idée lui vint d'en confier la responsabilité à d'autres. Il choisit l'araignée et le chien. L'araignée parce que, pensa l'éléphant, celle-ci est très intelligente et le chien parce que celui-ci est très vigilant. L’éléphant promit une forte récompense à chacun. Il divisa le troupeau en trois : une partie pour l'araignée, une pour le chien et l'autre pour lui-même. Chacun reçut un nombre égal de bœufs à surveiller. L'éléphant leur dit :
- Comme je vous l'ai promis, je récompenserai chacun' de vous. Que le troupeau se multiplie ou qu'il ne se multiplie pas, que les bœufs vivent ou meurent, je vous récompenserai. Je ne vous récompenserai pas suivant le nombre de bœufs qui se sera ajouté au troupeau mais suivant l'amour que vous aurez pour les bœufs. Donc que le troupeau prospère ou qu'il ne prospère pas, vous serez récompensés.
Ayant dit cela, l'éléphant s’éloigna avec le troupeau qu'il s'était attribué à lui-même et alla loin, très loin, laissant les deux gardiens avec leurs bœufs. L'araignée dit à son compagnon :
- As-tu bien entendu les paroles du Patron ? Il a dit qu'il nous récompenserait, même si des bœufs meurent !
- Oui, dit le chien, mais arrangeons-nous pour que le troupeau prospère, cela nous vaudra un bon renom.
L'araignée s'éloigna en souriant. Elle pensait : l'éléphant nous a remis le troupeau sans le compter, et puis il a ajouté que même si des bœufs meurent... ! Quelle occasion de m'engraisser ! Tous les deux jours ou chaque semaine j'en abattrai un. Je. nourrirai ma famille. Finie la famine, finis les repas maigres, finis les soucis de la vie. A moi la graisse, la viande, le poids et l'embonpoint. L'araignée alla s'établir quelque part dans la brousse. Elle construisit un enclos pour les bœufs ainsi qu'une maison pour elle-même.
Pour plus de prudence elle choisit de vivre seule auprès de son troupeau, pour bien veiller sur ses bœufs, c'est-à-dire pour bien se servir. Les jours passaient, les semaines et les mois se suivaient. Les vaches mettaient bas, les veaux grandissaient, l’araignée tuait chaque semaine un bœuf. Elle le dépeçait et en envoyait une bonne partie à sa famille restée au village.
La femme était étonnée de voir que son mari était si bien décidé à nourrir sa famille. Viande sur viande arrivait à la maison, d'abord chaque semaine, puis ce fut tous les jours. L'araignée grossissait. Un jour, alors qu'elle était allée apporter la viande, sa femme curieuse lui demanda :
- Où donc trouves-tu, mon cher mari, toute cette quantité de viande chaque jour ?
L’araignée se mit en colère :
- Espèce de vieille bavarde, dit-elle, veux-tu être rassasiée ou bien veux-tu savoir la distance qui sépare la lune du soleil ? J 'ai des bœufs, moi, tu entends ? J 'ai des bœufs et je peux en faire ce que je veux. Tout ce que je te demande, c'est de te remplir le ventre. Mais si c’est autre chose que tu veux, alors tu l'auras, c'est-à-dire que je te chasserai tout simplement.
La femme de l’araignée se tut, mais elle n'était pas bien tranquille. Et la viande continuait de venir. Chaque jour était un jour de fête, de bombance, de mangeaille, etc... Les bœufs par conséquent diminuaient dans le troupeau de l'araignée. Plus de la moitié était tuée. L’araignée n'avait aucun souci pour le troupeau, ni pour sa prospérité, ni pour sa santé. Si une bête avait l’air d'être malade ou en mauvaise condition, l'araignée, au lieu de la soigner, l’abattait et la mangeait.
- Je ne suis pas folle ! Me fatiguer pour entretenir un troupeau qui ne m’appartient pas, et pourquoi ? L’éléphant a parlé de récompense ! Mais moi, en attendant, je vais commencer par me récompenser moi-même.
Et notre berger continuait de faire bonne chère.
Contrairement à l’araignée, le chien gardait bien son troupeau. Il le soignait, le menait à la rivière pour le faire manger et boire. Le troupeau prospérait et se multipliait. Le chien ne se reposait jamais. Il était tellement pris par le travail de surveillance qu'il commença à perdre du poids. A peine avait-il le temps de manger. Sa femme et ses enfants se plaignaient de le voir si affairé et chaque jour plus maigre. Un jour sa femme lui dit :
- Ecoute ! Es-tu le seul berger du village ? Regarde ton ami l’araignée. Il grossit. Sa femme et ses enfants mangent bien. Il se débrouille bien. Ne peux-tu pas faire comme lui ? Que te donnera l'éléphant pour ta justice ou ton amour pour ses bœufs ?
- Femme, dit le chien, je veux continuer de croire en la parole de l'éléphant. Je garderai le troupeau, je le soignerai. Et c'est ce que fit le chien. Le troupeau s'était considérablement multiplié et la surveillance devenait de plus en plus difficile. Cependant le chien ne se relâchait pas.
Un jour l’éléphant arriva. Tout le village fut en mouvement. Certains se plaignirent qu'il était resté trop longtemps et donnèrent raison à l'araignée.
D'autres se demandaient tout simplement ce qu’il allait offrir comme récompense à ses deux bergers.
L’éléphant avait promis une récompense quoi qu'il en soit. Il avait promis la même récompense aux deux bergers. Comment cela allait-il se faire ? Une fois les choses rentrées dans l’ordre, l’éléphant fixa le jour de la récompense. Ce jour arrivé, les deux bergers se présentèrent. Beaucoup de gens étaient sur la place pour assister à l’événement. L’éléphant se leva alors, prit la parole et dit :
- Eh bien, mes amis, je vous avais promis une récompense. Je ne vous demande aucun compte sur le troupeau que je vous avais confié. Votre récompense sera le troupeau même que je vous avais confié. Prenez-le tel qu'il est, il est à vous pour toujours. Je possède assez de bœufs pour vous faire ce cadeau. Que chacun possède son troupeau !
Or sais-tu combien il restait de bœufs dans le troupeau de l'araignée ? Très, très peu !
Cette histoire n'est qu'un conte, mais elle traduit bien la pensée de beaucoup de personnes qui, comme l'araignée, ne croient pas qu'il existe une récompense pour le bien et la justice. Dieu a parlé, il a fait une promesse à chaque personne sur la terre. Il nous a promis la vie éternelle si nous croyons en sa Parole, si nous croyons en Celui qu'il nous a envoyé, Jésus-Christ. Il a fait la promesse de nous sauver si nous acceptons de vivre pour lui. Dieu accomplit sa promesse, car ce qu'il a promis, il a aussi la puissance de l'accomplir.
Non, ne continue plus de vivre pour toi-même, le regret serait trop grand.