5 Le rêve de l’hyène
Une nuit, l'hyène fit un rêve. Elle se trouvait dans une splendide forêt. De gros arbres au feuillage verdoyant répandaient de tous côtés leur ombre. Des fleurs au parfum exquis décoraient le lieu. Une douce musique finissait de rendre l'endroit aussi beau qu'un paradis. Mais ce n'est pas cette beauté naturelle qui impressionnait tellement notre hyène. Ce qui attira son attention, c'est qu'il y avait partout des biches, des antilopes et d’autres animaux encore. Dans son rêve l'hyène tua et se régala copieusement, mais il y avait encore du gibier de toutes parts. Il suffisait de vouloir manger. Alors elle eut encore faim. Elle tua et mangea. Il n’était même pas nécessaire de faire des réserves, puisque le gibier était là, tout près, en grande quantité et à la portée de ses dents. Quel festin, quelle animation, quel bonheur !
Mais au bout de quelques instants, l'hyène se réveilla de son sommeil. Elle se frotta les yeux et s'assit. Son lit fit un bruit de craquement. Elle tâta son ventre ! Ah ! que venait-elle de voir en si grand nombre ? L'hyène dut admettre que ce n'était qu'un rêve !
Hier soir elle avait chassé toute la nuit sans rien trouver, même pas un tout petit quelque chose pour dégourdir ses mâchoires. Elle s’était couchée ainsi. Et voilà que ce rêve était venu réveiller son appétit !
« Oh ! Les rêves, il n’y a rien d'aussi trompeur, pensa-t-elle. Mais... Ah ah ! J 'ai une idée formidable ! ça y est ! j’ai trouvé ! Mon rêve ne sera plus un simple rêve. Tout ce que j'ai vu en rêve ce soir, eh bien moi l'hyène, je l'aurai. Il me suffira de vouloir manger ! Et... je voudrais bien manger moi ! J 'irai trouver celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais. Il est là-bas derrière le fleuve. J 'irai le trouver et je lui demanderai de faire en sorte que tout ce que je rêverai se réalise dès le lendemain !
L'hyène se leva d'un bond et alla trouver celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais.
- Majesté, lui dit-elle, je viens vous voir afin que vous m'aidiez ! Je veux que vous fassiez en sorte que lorsque je ferai un rêve, je le voie se réaliser dès le lendemain., Voici ma requête !
- Bien, répondit celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais, as-tu bien réfléchi ? Es-tu sûre de ta demande ?
- Pas de problème ! dit l'hyène, je veux que mes rêves se réalisent désormais !
- Eh bien, dit celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais, il en sera ainsi. Tous tes rêves se réaliseront dès le lendemain. Va et compte sur ma parole ! Tes prochains rêves seront vrais.
L'hyène prit congé de celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais, et retourna chez elle ! Il ne fallait pas attendre que la nuit tombe. L'hyène était tellement impatiente qu'il lui semblait que le soleil n'allait plus assez vite.
- Mais dis donc ! grogna-t-elle, pourquoi le soleil traîne-t-il ainsi aujourd'hui ! Il va falloir que je leur dise un mot là-haut, non !
Les heures passaient très lentement pour l'hyène.
Elle se promenait dans la brousse sans direction fixe. Quelquefois elle s’arrêtait pour voir à l'aide de son ombre quelle heure il pouvait être : 10 h... 11 h... puis 12 h..., l'hyène errait toujours. Par bonheur elle trouva un bœuf mort qu'un peulh avait soustrait de son troupeau. L'hyène ne se fit pas prier. Elle mangea en attendant bien sûr le rêve qu'elle aurait ce soir et qui serait pleinement réalisé le lendemain matin ! Elle prit donc tout son temps pour achever son bœuf mort puis remercia la providence d'avoir pensé à elle. A présent que j'ai bien mangé allons arroser le tout à la rivière avec quelques bonnes gorgées d'eau. Après quoi il n'y aura plus qu'à attendre la nuit. Après avoir bu, l'hyène se rendit tranquillement chez elle.
Lentement le soleil déclinait à l'horizon, colorant la savane de ses rayons roses. Les bruits cessaient peu à peu. Bientôt le soir allait prendre place avec sa fraîcheur et ses vents légers. Et puis ce serait la nuit froide de la saison sèche, où seuls les chasseurs se promènent, la nuit où il fait bon dormir et rêver aussi.
Avant son heure habituelle ce soir-là, l'hyène alla se coucher, se couvrit et s'endormit, en espérant faire un rêve, si possible comme le premier, celui du soir précédent. Au beau milieu de la nuit et de son sommeil l'hyène rêva ! Dans son rêve, elle se trouvait dans une étrange forêt. Cette forêt était sombre et sinistre. Tout y inspirait la peur et la mort. Des cris d'animaux féroces s'entendaient de partout. Dans cette forêt de malheur, l'hyène se trouvait par surcroît attachée. Oui, elle était attachée avec une grosse chaîne qui la liait à un gros arbre. Quelque temps après, des animaux féroces apparurent de toutes parts et fondirent sur notre hyène. Elle cria et cria encore plus haut appelant au secours, mais c'était peine perdue. Les animaux lui arrachaient les poils et allaient bientôt faire d'elle leur meilleur repas de la journée. L'hyène s'agita pour se défendre tant bien que mal. Elle se débattit si fort qu’elle roula sur elle-même et tomba de son lit. Elle se réveilla de son sommeil, ouvrit les yeux. L'hyène s’assit au pied de son lit. Après quelques minutes, elle se rendit compte que ce n’était qu'un rêve heureusement. Elle n'était pas réellement dans ces bois sinistres, acculée par ces bêtes féroces qui cherchaient à la tuer. Tout compte fait, elle avait passé un mauvais quart d'heure. L'hyène voulut se rendormir, mais la crainte de faire un autre rêve la tint éveillée jusqu'au matin.
Au réveil, l'hyène se souvint de ce qu'elle avait demandé à celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais. Alors elle se leva en sursaut et sortit en vitesse ! Quoi ! si ce qu'elle a rêvé se réalisait, alors ç'en serait fini d'elle. Elle courut à toutes jambes chez celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais. Il fallait qu'elle arrive. assez tôt, c’est-à-dire avant que son rêve ne commence à devenir réalité. Alors elle courut, et courut, pensant que d'un instant à l'autre la chose allait arriver, que la savane allait être forêt, que de gros arbres allaient la retenir et que d'un moment à l'autre des bêtes féroces sortiraient. Mais il n'en fut rien, heureusement, elle arriva saine et sauve chez celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais.
- - Bonjour, ô toi qui peux-rendre-les-rêves-vrais, dit l'hyène pressée et tremblante, je t'avais fait une demande, tu t'en souviens bien, n'est-ce pas ? Je t'avais demandé de rendre tous mes rêves vrais. Eh bien, à présent, fais que ce ne soit plus le cas. Je veux que lorsque je rêve, il n'en soit rien, qu'aucun de mes rêves, fût-il bon ou mauvais, ne se réalise !
Celui-qui-peut-rendre-les-rêves-vrais regarda l'hyène et dit : « Eh bien, tu comprends maintenant pourquoi je t'avais demandé si tu avais bien réfléchi avant de faire ta première requête." Quand tu avais la possibilité de dominer les autres, de les tuer et les manger, tu as voulu que ton rêve se réalise. Maintenant que d'autres te dominent, tu changes d'avis. Il en sera comme tu le demandes, mais sache que tout dans la vie ne sera pas que rêve ! » L’hyène s'en alla dans les bois.
J'en ai conclu que nous avons tous des rêves dans la vie. On rêve de dominer les autres, d'avoir beaucoup d'argent, de réussir, d'être très important, d'être admiré par les autres. Qu'en est-il de tous ces rêves ? Si certains de nos rêves se réalisent au prix de bien des sacrifices, d'autres restent et demeurent de simples rêves jusqu'au jour de notre mort. Oui, à la mort, tous nos rêves finissent et laissent la place à certaines réalités. La réalité de la rencontre avec Dieu, la réalité du jugement de Dieu, la réalité de la découverte de nos péchés face à la sainteté de Dieu.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, disait Jésus, celui qui écoute ma parole et qui croit en celui qui m'a envoyé a la vie éternelle, il ne viendra plus en jugement mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24). Si le jugement de Dieu n'est pas un rêve, son pardon et son amour qui sauvent ne sont pas non plus des rêves. Il ne faut plus confondre les rêves et les réalités !