3 Le lièvre, l’hyène et le baobab.
En Afrique il y a des baobabs. Il y en a de gros, mais il y en a aussi de moins gros. Certains ont un énorme tronc et de grosses branches. Il est presque impossible d'y monter. D'autres ont un joli feuillage qui donne une belle ombre où les voyageurs aiment à se reposer et dont souvent ils emportent quelques feuilles à la maison. Les feuilles du baobab servent à faire une sauce spéciale qui s'appelle « siraboulouna ». C'est une excellente sauce qui malheureusement se fait de moins en moins de nos jours. Mais je vous rappelle que cette sauce est très bonne et de ce fait, les voyageurs aimaient à s'asseoir sous les baobabs.
C'est ce que fit le lièvre, un après-midi. Il avait effectué un long voyage chez son oncle qui était forgeron. Le retour avait été pénible car il faisait chaud. Donc, comme je viens. de le dire, le lièvre s’assit sous le baobab qui n'était pas comme les autres baobabs.
Après avoir repris ses esprits, le lièvre trouva l'endroit si bon qu'il ne put s'empêcher de le déclarer ouvertement :
- Oh, baobab ! comme ton ombre est agréable !
C'est alors que le baobab parla. Quoi ! Oui, le baobab parla, car il n'était pas comme les autres baobabs. Il parla et dit :
- Oui, étranger, mon ombrage est agréable, mais veux-tu goûter mes feuilles ?
Tout en le disant, il laissa tomber une grosse feuille bien verte. Le lièvre ne se fit pas prier. Il mâcha la feuille deux fois et demie et l'avala.
- Mais dis donc, baobab, tes feuilles sont délicieuses !
Le baobab accepta le dialogue.
- Oui, étranger, mais mon fruit l'est encore plus.
Le baobab en laissa tomber un bien mûr au pied de notre voyageur ; le lièvre l'ouvrit en en prit une bonne bouchée qu'il mâcha une fois de la mâchoire gauche et l'avala.
- Oh là ! baobab ! Il n'y a pas meilleur fruit que le tien.
- Oui, voyageur, mon fruit est bon ; maintenant regarde l'intérieur de mon tronc !
Alors une chose étrange arriva. Le tronc du baobab s'ouvrit comme s'ouvrent les deux battants d’une porte. Le lièvre se tint debout pour mieux suivre les opérations. Il ouvrit les yeux et vit que le fameux tronc n'était en fait qu'une boutique contenant toutes sortes d'objets précieux. Il y avait des costumes, des robes dorées, des bicyclettes, des chaussures à hauts talons, des livres et que sais-je encore !
- Entre et fais ton choix, étranger !
Je vous laisse le soin d'imaginer ce que fit le lièvre. Le lièvre devint le plus beau, le plus riche de tout le village. Deux semaines plus tard, sa femme fut élue présidente de l'Association des femmes de la région. Les enfants du lièvre furent distingués. Les choses devinrent telles que la jalousie s’en suivit, surtout dans la famille de l'hyène. Le jour où l'hyène ne put plus surmonter sa rage, elle alla menacer le lièvre qui se vit bien obligé de céder à sa demande et de lui expliquer la chose.
- Euh !... tu vois... le baobab qui est sur la route de Bobo. Tu vas jusque là-bas et puis tu t’assois et le baobab te parle et enfin tu verras que…
- Bon, arrête ! J’ai compris !
En effet, l'hyène avait compris. Elle avait entendu parler de pareils phénomènes. Elle s'en alla. Tout se passa très bien jusqu'au moment où le baobab s’ouvrit. Sous le coup de l'émotion, la pipe de l'hyène tomba de sa bouche.
- Viens faire ton choix, étranger.
L'hyène fit un pas en avant puis recula et dit :
- Très cher baobab, je te demande deux choses.
- Lesquelles ?
- D'abord, ferme-toi, baobab !
Le baobab se referma.
- Maintenant, pose-toi sur ma tête, baobab.
Je crois que je n'ai pas besoin de vous dire pourquoi l'hyène exigeait cela du baobab. Mais ce que je sais, c'est que le baobab obéit. Un vit le gros baobab s'élever de terre avec toutes ses grosses racines. L'hyène tendit le cou et les deux bras. Le baobab se posa sur sa tête, d'abord doucement, puis devint de plus en plus pesant. L'hyène s'accroupit, mais finit par s'agenouiller. Son dos se voûtait. Elle gémit, puis cria sous le poids de l'immense baobab. Elle allait être écrasée, quand, d'un seul coup, le baobab, pris de pitié, reprit sa place en terre. Notre amie l'hyène se leva péniblement et regagna son logis. Elle était tordue, blessée, le crâne fracturé.
Selon le dicton, plus on en a, plus on en veut. Nous connaissons tous des gens qui, comme l'hyène, veulent tout posséder et qui sont, eux aussi, écrasés sous le poids de ce qu'ils gagnent. Vouloir toujours amasser des biens ou de l'argent, fait tomber l'homme dans la tentation et donne des désirs insensés qui amènent la ruine.
C'est pourquoi Dieu a promis à ses enfants de pourvoir à leurs besoins. Celui qui croit en Jésus-Christ sait que le Seigneur prend soin de lui. Il n'a pas besoin de toujours chercher à amasser des richesses. Il sait, comme dit la parole de Dieu, que « mieux vaut avoir peu et respecter Dieu que de posséder une grande fortune et être dominé par l'inquiétude » (Proverbes 16.16).